Réinventer la performance dans le médico-social

Dans un secteur médico-social en pleine transformation, où la qualité de l'accompagnement et l'efficience des organisations doivent s'articuler tout en conservant les valeurs fondamentales du soin et de la solidarité, la notion de performance invite à la réflexion. Définie de façon générique, la performance fait référence à un résultat situé dans le temps, en rapport à un contexte et est liée à un objectif précis. Ainsi, chaque individu, chaque organisation s'approprie cette notion selon sa propre sensibilité, avec un point commun qui les unit, celui de l'assimiler à un synonyme d'exploit ou de succès. Ce kaléidoscope de la performance peut générer des tensions ou quiproquos lors de l'opérationnalisation du concept de performance et entraver l'émergence d'une vision partagée concernant la finalité organisationnelle.

La véritable mission des organisations médico-sociales n'est pas, comme dans une société au sens de l'article 1832 du Code civil, de partager des bénéfices entre associés. Elle est d'apporter un accompagnement et une prise en charge aux publics dits fragiles, en situation de précarité, d'exclusion, de handicap ou de dépendance liée à l'âge. De ce fait, si une performance est recherchée, elle sera davantage écosystémique, en lien avec des parties prenantes sur un territoire que financière. Elle vise à répondre au mieux aux besoins des publics accueillis. Or, de nombreuses exigences en termes de pilotage et d'évaluation s'imposent face aux défis sectoriels que représentent notamment la dynamique de contractualisation pluriannuelle, le développement de la logique de parcours, le développement de plateformes et dispositifs à l'échelle des territoires, le recrutement et le management des femmes et des hommes, la digitalisation, ou encore l'impératif écologique.

Dans ce contexte, il nous semble que la performance dans le secteur médico-social devrait être associée à un processus de long terme véritablement en lien avec sa mission première et non à des résultats ponctuels principalement financiers. Plutôt que de parler de performance, ne gagnerions-nous pas à réfléchir aux conditions de mise en oeuvre d'une approche robuste, qui correspond à l'aptitude des organisations à faire face aux chocs et incertitudes de leur environnement ; voire d'une approche régénérative, qui propose de penser les conditions de prospérité des individus par le développement d'environnements capacitants ?

Ce qui est en jeu, c'est la capacité à mobiliser et à coordonner l'ensemble des parties prenantes autour d'objectifs communs dans une perspective durable en vue de répondre aux besoins des publics accueillis.